Connaissez-vous le crowdfunding ou financement participatif ? Il s’agit de faire appel à Monsieur Tout-le-monde pour financer un projet, qu’il s’agisse de lancer une entreprise ou de trouver de l’argent pour faire le tour du monde. Dernière application de ce système en date, les citadins du monde entier s’unissent pour agir quand les municipalités ne le peuvent pas. Alors, la ville de demain appartiendra-t-elle à ses habitants ? C’est possible et cela peut arriver plus vite que vous ne le pensez.

Rotterdam : un pont entre la ville et ses habitants

Rotterdam, aux Pays-Bas, fait figure de fer de lance du financement participatif en vue d’améliorer la ville. Tout commence quand un quartier de Rotterdam connaît une désaffection due en grande partie à la construction d’une voie rapide et à la présence d’une voie de chemin de fer qui coupent le quartier d’Hofplein du centre-ville.

Afin de redynamiser le quartier, il faut investir dans des infrastructures, or la municipalité ne peut s’engager dans une telle construction, la faute à la politique hollandaise d’austérité. Devant ce constat, un cabinet d’architectes propose le projet aux Rotterdamois qui peuvent financer un pont à la mesure de leurs moyens.

Pour 25 €, il était possible de financer une planche, pour 125 €, un élément complet et ainsi de suite. Détail amusant et attractif, investir dans un élément de son choix (y compris une unique planche) permet à l’internaute d’y inscrire un message : il peut s’agir d’un nom, d’un message d’amour, du nom d’une société… Les habitants de la ville s’inscrivent ainsi dans le paysage de leur environnement tout en permettant au quartier de retrouver une attractivité.

Le Luchtsingel (c’est le nom du pont) permet ainsi aux Rotterdamois d’intervenir dans la construction de leur ville et d’agir au quotidien. Plutôt que de se plaindre de l’inaction des autorités, les habitants peuvent ainsi prendre les devants et remanier leur environnement en ramenant de l’activité dans leur quartier.

Les autres projets citoyens

Le projet de Rotterdam n’est pas le seul qui ait vu le jour grâce au crowdfunding. C’est en Colombie que l’on trouve le projet le plus fou qui est le fruit de l’imagination d’un entrepreneur de Bogota, la capitale, qui souhaitait réunir suffisamment d’argent pour financer la construction d’un gratte-ciel, le plus haut du pays.

Et le pire, c’est que ce projet fou lui a permis de réunir plus de 300 000 Colombiens et de récolter plus de 132 millions d’euros en seulement quelques mois. Le gratte-ciel connu sous le nom de BD Bacata a vu sa construction débuter en avril 2014 et pourrait bien initier un véritable engouement en Colombie.

Autre pays, autre projet, c’est vers les Etats-Unis qu’il faut se tourner pour découvrir un projet de 2012, moins ambitieux mais qui tend à prouver l’action citoyenne qui se cache derrière ce type de financement. Kansas City, malgré ses 465 000 habitants, était dépourvue d’un réseau de vélos en libre service. Une association locale s’est donc lancée dans une croisade en vue de voir se créer un tel réseau. En ne trouvant que 28 donateurs, l’association parvient tout de même à réunir 420000 dollars et mettre en place les premières bornes. Si d’aventure vous empruntez un vélo en libre service à Kansas City, vous savez qui remercier.

Petite anecdote pour finir : le financement participatif en vue d’un équipement collectif n’est pas une nouveauté. En effet, en 1884 la Statue de la Liberté doit être installée mais ne dispose pas de socle : ce seront des citoyens américains volontaires qui vont investir après une campagne tumultueuse de la part d’un certain Joseph Pulitzer, père du prestigieux prix littéraire qui porte son nom.